174993

(2016) Philosophia Scientiae 20 (1).

Fries lecteur de Kant

Christian Bonnet

pp. 33-46

Jakob Friedrich Fries estime que Kant a fait de funestes concessions au dogmatisme philosophique, dont il avait pourtant mieux que quiconque mis au jour les contradictions. Ainsi n’a-t-il pas distingué de façon suffisamment rigoureuse la connaissance transcendantale (qui est une connaissance de connaissances) de son objet (à savoir la connaissance a priori à laquelle elle se rapporte). Il en a conclu que la connaissance transcendantale était elle aussi a priori et a cherché à fonder les jugements synthétiques a priori sur des connaissances elles-mêmes a priori. Kant a ainsi été victime d’un « préjugé de la preuve » auquel il a donné la forme spécifique d’un « préjugé du transcendantal » : dans la mesure où la « déduction transcendantale » cherche à donner une « preuve transcendantale » de la validité de nos connaissances, la théorie kantienne de la connaissance est donc menacée par un cercle logique. Aussi la déduction transcendantale bien comprise ne peut-elle être, selon Fries, qu’une déduction subjective, psychologique ou anthropologique, ce qui ne signifie pas pour autant que Fries entende réduire la philosophie à la psychologie, contrairement à ce que lui reprocheront les contempteurs de son psychologisme.

Publication details

DOI: 10.4000/philosophiascientiae.1151

Full citation:

Bonnet, C. (2016). Fries lecteur de Kant. Philosophia Scientiae 20 (1), pp. 33-46.

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